Dé-jardiner
Organisateurs : gr_und (Berlin), Karine Bonneval (Jalognes) et Delphine Marinier (Berlin), commissaires
Participants :
Marisa Benjamim, Karine Bonneval, Maider Elcano, Karen Houle, Emmanuel Hubaut, Nelly Monnier, Chloé Silbano, Myriel Milicevic-Nina Blume, Between Us and Nature – A Reading Club (Eva-Fiore Kovacovsky, artist, and Sina Ribak, environmental & cultural manager)
Dates : mai 2019 – janvier 2020
Lieux : gr_und (Berlin), Le Transpalette (Bourges)
Suite à l’exposition de Karine Bonneval au musée botanique de Berlin à l’été 2018, l’artiste a été invitée par gr_und et son équipe à co-imaginer le projet « Dé-jardiner », dont l’inauguration aura lieu le 7 juin, week-end des Rendezvous im Garten 2019 initiés par l’Institut français d’Allemagne. Le projet commencera par une résidence in-situ collaborative de trois semaines, pour imaginer les contours de l’installation. Les résultats seront présentés par Karine Bonneval dans le cadre d’un workshop pendant l’exposition OU /ERT : Phytophilie Chlorophobie Savoirs Situés sous le commissariat de Jens Hauser et Anaiara Ronado à Bourges fin d’année.
Le jardin urbain est-il un leurre ? Un espace créé par l’homme pour son agrément, un territoire d’expérimentation formelle pour le jardinier, une soupape de respiration pour le citadin pressé ? Le végétal planté en perspectives, science du paysage ou résidu d’une forêt ancestrale n’échappe pas à l’anthropomorphisation. C’est un espace à la fois concret et fantasmé, que l’on crée ou dont on jouit. Traditionnellement Il ne prend pas en considération l’être vivant végétal, c’est une construction agréable et utile.
Les jardiniers contemporains font évoluer cette formule, mais le temps du vivant végétal est bien loin du temps humain, et s’approcher au plus près de l’être plante est dans nos sociétés, coupées du monde animiste, une gageure authentique. La science nous éclaire sur les perceptions des plantes et leur mobilité subtile mais habiter ensemble le paysage n’est pas chose aisée aujourd’hui. Comment aborder la création artistique comme des cueilleuses-eurs ? En invoquant nos capteurs secondaires pour perdre ses réflexes et offrir au visiteur d’engager son corps tout entier pour provoquer la rencontre avec l’autre.
- 13 mai – 7 juin 2019 : résidence d’artistes de 3 semaines
- 23 mai 2019 18h : workshop de Karine Bonneval, information et inscription : bonnevalkarine@gmail.com
- 7 juin 2019, 19h : vernissage dans le cadre de Rendezvous im Garten 2019, performance de Chloé Silbano
- 8 juin 2019, 17h30 : Lecture par Karen Houle
- 21 juin 2019 : Bike tour, Myriel Milicevic et Nina Blume
- 26 juin 2019 : performance de Emmanuel Hubaut
- 27 juin 2019, 19h30 : “Between Us and Nature a Reading Club”, Sina Ribak et Eva-Fiore Kovacovsky, en coopération avec Zabriskie – Buchladen für Kultur & Natur (en anglais, rvsp only: betweenusnature@gmail.com jusqu’au 26 juin)
- 18 octobre 2019 – 18 janvier 2020 : exposition “OU /ERT : Phytophilie Chlorophobie Savoirs Situés” au Transpalette, Bourges (France) sous le commissariat de Jens Hauser et Anaiara Ronado , présentation des œuvres sélectionnées de Karine Bonneval ainsi que du catalogue Dé-jardiner
Intretien avec les commissaires:
La résidence d’artistes à l’espace berlinois gr_und prépare actuellement l’exposition internationale du groupe. Il ne s’agit pas tant d’un projet d’exposition classique que d’une « proposition-parcours ». Entre l’exposition et un site de recherche, des expériences, des trajets et la réappropriation de nos sens seront expérimentés. Delphine Marinier et Karine Bonneval, qui a réalisé une exposition au Musée botanique de Berlin à l’été 2018, dirigeront ce cours et y associeront le projet. Le vernissage aura lieu dans le cadre du « Rendezvous im Garten 2019 » le 7 juin. Nous avons rencontré les commissaires :
Karine, le rapport au vivant ainsi que les recherches théoriques associés sont une constante dans ton travail artistique. Comment expliques-tu cette approche entre la science et l’art ?
Karine Bonneval Je me suis rapprochée de différentes équipes de scientifiques en écologie végétale le jour où les lectures ne me suffisaient plus pour nourrir ma recherche : j’avais besoin d’échanger autour de notre relation aux plantes avec des personnes dont c’est la recherche au quotidien. La visite des laboratoires, des expériences sur le terrain et les discussions m’ont ouvert également un autre champ formel qui a fait évoluer ma pratique artistique. Des allers et retours multiples qui s’inscrivent sur le long terme et qui permettent aussi parfois d’inaugurer de nouveaux développements de recherches, ou bien des rencontres entre différents laboratoires. Je ne pourrai désormais plus me passer de cette synergie.
Bénédicte Ramade a introduit le terme « Dé-jardiner » dans le cadre de l’exposition Jardin Infini au Centre Pompidou Metz en 2017. Pourquoi avez-vous repris ce terme et dans quel sens ?
Karine Bonneval et Delphine Marinier C’est surtout le premier paragraphe de ce texte qui nous a inspiré : Ramade y montre qu’aujourd’hui ce que l’on entend par jardin est bien loin de la pratique „classique“ et que beaucoup de notions qui gravitent autour de ce terme ont évolué. Il lui semble alors que le terme « Dé-jardiner » est plus approprié désormais. Ainsi, notre projet s’est construit, dans le choix des artistes et des pièces, par des thématiques invoquant l’eau, les outils, les échanges gazeux, les territoires.
Vous nommez explicitement le projet « site de recherche ». Que se passe-t-il pendant la phase de résidence jusqu’à l’ouverture ? Qui est impliqué ?
Karine Bonneval Résider à gr_und a permis de construire in-situ le projet visuel et d’échanger avec les différents intervenants sur toutes les questions – conceptuelles, curatoriales, installatives – inhérentes au projet. Cette première phase de résidence a également été consacrée au développement d’une nouvelle pièce sonore avec le musicien Emmanuel Hubaut qui sera activée le 26 juin.
Le 23 mai j’ai proposé par un atelier ouvert au public d’aller découvrir par le son des arbres qui sont tout proches de la galerie dans le cimetière d’urnes en face : prendre le temps, regarder, toucher ces êtres vivants qui sont tout autour de nous en ville.
Delphine Marinier La semaine précédant le vernissage constituera un temps fort de la résidence car c’est à ce moment que tous les artistes et intervenants se rencontreront, échangeront et contribueront à la finalisation du projet.
Un vaste programme d’événements accompagne l’exposition. Pouvez-vous nous dire brièvement à quoi nous attendre ?
Karine Bonneval Dé-jardiner est un évènement qui a été conçu pour ancrer différentes pratiques autour de l’exposition et du site même de la galerie. C’est ainsi très proche de ma pratique au quotidien où différents acteurs se croisent et augmentent les projets.
Delphine Marinier Durant l’exposition, il s’agira de proposer au public des expériences multidisciplinaires autour de Dé-jardiner : scientifiques et performatives avec le bike tour organisé par Myriel Milicevic et Nina Blume le 21 juin, musicales avec Emmanuel Hubaut le 26 juin, poétiques et philosophiques avec la lecture de Karen Houle le samedi 8 juin ainsi que le Reading Club de Between Us And Nature le 27 juin, sans oublier la performance proposée par Chloé Silbano durant le vernissage du 7 juin.
Merci beaucoup pour votre temps, nous sommes impatients d’assister au vernissage et aux prochains événements gr_und à Berlin !
Tous les événements pendant l’exposition :
- 7 juin, 19h : vernissage dans le cadre de « Rendezvous im Garten 2019 », performance de Chloé Silbano
- 8 juin, 17h30 : Karen Houle, Lecture
- 21 juin : Myriel Milicevic et Nina Blume, Bike tour
- 26 juin 2019 : Emmanuel Hubaut, performance
- 27 juin 2019, 19h30 : Sina Ribak et Eva-Fiore Kovacovsky “Between Us and Nature : A Reading Club”, en coopération avec Zabriskie – Buchladen für Kultur & Natur (en anglais, rvsp : betweenusnature@gmail.com jusqu’au 26 juin)
L’interview a été conduite par Stefanie Steps, chargée de projets culturels Bureau des arts plastiques, en mai 2019.
Préparation pour la performance d’Emmanuel Hubaut
